Bell n'a pas froid
aux yeux. Après avoir fait l'acquisition de CTV en 2010, elle poursuit
sa stratégie d'intégration verticale en mettant la main sur Astral Media
pour une somme de 3,38 milliards de dollars. Astral Media possède
déjà plus de 80 chaines de radio au Canada, près de 22 chaines de télévision
spécialisées, dont 13 francophones, et qui compte parmi ses élus Vrak TV,
Canal Vie et Canal Évasion pour ne nommer que celles-là.
Bell pourra aussi
bénéficier de panneaux d'affichage extérieurs qu'Astral Media proposait
à ces fidèles partenaires au Québec, en Ontario et en Colombie-Britannique. Le
moins que l'on puisse dire, c'est qu'Astral Media était la pièce
manquante dont Bell avait besoin pour rivaliser avec ses plus
fidèles concurrents, soit Quebecor et Radio-Canada.
L'annonce de
cette transaction majeure est la plus importante de toute l'histoire de
l'industrie médiatique et des télécommunications au pays. Par contre, celle-ci
devra être étudiée et analysée par le CRTC et le Bureau de la
concurrence avant d'être approuvée.
Actuellement,
étant l'un des principaux fournisseurs dans le secteur de la télévision, du web
et de la téléphonie au pays, Bell peut enfin rivaliser à
forces égales avec la puissance de l'empire Quebecor.
Cela faisait
déjà plusieurs années que Bell explorait la venue des moyens
efficaces pour renforcer sa position au Québec face à celui-ci. Pour y arriver,
elle avait besoin d'accentuer son offre à l'aide de contenus créatifs et
diversifiés, qui pouvaient facilement être distribués sur ses différentes plateformes. Je
suis persuadé que Bell courtisait Astral depuis
bien longtemps. Les chaines spécialisées
offriront l'opportunité à Bell de mieux segmenter
ses marchés. Ainsi, le placement média sera plus rentable et permettra d'offrir
des stratégies qui rejoindront plus rapidement les cibles visées.
Voici un
tableau qui vous permettra de voir les actifs de chacune des entreprises. Vous
remarquerez que Bell et Astral étaient dus pour s'entendre.
Lorsque l'on regarde les deux entreprises, elles sont très
complémentaires.
Il s'agit d'un
coup bien calculé par Bell. Si l'on regarde les tranches du marché que
représente le secteur des télécommunications au Québec, on peut comprendre que
Bell possédait 6% du marché.
En mettant la
main sure, Astral, Bell prend la possession de 26% du marché.
Ce qui représente un gain huit fois supérieur à ce que son offre représentait
auparavant au Québec. Passant de 6% à 32%, Bell se place en
bonne position par rapport face à Quebecor qui contrôle 35% du
marché à lui seul. Seulement 3% séparent les deux géants du secteur des
télécommunications. Ce qui laisse croire qu'une saine compétition commence à
voir le jour entre les deux rivaux.
À cet
effet, Bell qui est actionnaire minoritaire des Canadiens de
Montréal motive une fois de plus Quebecor à stimuler la venue d'une
équipe de hockey professionnel dans ses rangs afin de faire profiter son
actif auprès de ses propres plateformes médiatiques. Ce ne sera donc plus
qu'une guerre médiatique entre les deux parties, mais également sportive si
celle-ci réussit.
Bref, c'est
sans l'ombre d'un doute que le paysage médiatique québécois aura des allures
bien différentes. Maintenant que les chaînes spécialisées sont désormais sous
la gouverne de Bell, ce ne serait pas surprenant que la qualité du
contenu culturel québécois soit affectée. C'est ce que bien des créatifs au
Québec se posent comme question. Encore faudra-t-il attendre de voir l'impact
de cette transaction avant de pouvoir en tirer une véritable conclusion.
@+
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